Comment accompagner un parent épuisé en crèche ?

Aujourd’hui on retrouve Stéphanie Pujalte, spécialisée dans l’accompagnement auprès des jeunes mamans, qui nous avais déjà émis les clés pour cesser de vouloir être le parent parfait (lien autre article). Cette fois-ci ce ne sont pas les parents qu’elle va conseiller, mais plutôt les personnes qui gravitent autour d’eux et en particulier le personnel de crèche, qui fait constamment le lien entre l’enfant et son parent. Comment agir face à un parent épuisé et surtout comment l’aider du mieux que l’on peut ? Stéphanie Pujalte répond à nos interrogations !

Quels sont les signes de l’épuisement parental ?

Un parent épuisé est parfois difficile à repérer, tant les injonctions de la société nous pousse à ne pas montrer de signes de fatigue, considérés comme de la « faiblesse ». Alors, bien sûr, avec certains parents, vous le verrez tout de suite à leurs cernes ou à leurs paroles. Mais dans d’autres situations, l’épuisement parental est moins évident. Dans ce cas, il est plus dangereux parce qu’il peut mener à des situations de burnout par exemple.

Parmi les signes d’épuisement moins visibles au premier coup d’œil, vous retrouverez des parents sensibles à l’idée de perfection. Ils vont dans ce cas être sur tous les fronts, montrer « patte blanche » sur tout et s’engager dans une course effrénée pour réussir à tout bien gérer. Vous retrouverez également des parents souvent stressés, anxieux et aux émotions exacerbées ou amoindries. Le registre émotionnel est extrêmement important dans les signes d’épuisement. Un parent souvent irritable ou hyperémotif ou à l’inverse, un parent qui manque d’intérêt et/ou de plaisir à retrouver son enfant doit interpeller. C’est ce que j’appelle les signes de la fatigue psychologique et émotionnelle. De la même manière, un parent qui se dévalorise doit retenir votre attention.

Si ces signes perdurent quelques semaines, sachez que vous êtes face à un parent qui s’épuise avec tous les dangers que cela comporte pour sa santé et le bien-être de son foyer. En tant que professionnels de la petite enfance, ce sont des signes que vous pouvez observer lors du temps qui vous est imparti avec le parent.

Quels conseils offrir aux parents épuisés ?

En tant que professionnel de la petite enfance, il est difficile pour vous d’entrer dans la vie privée des parents, à moins qu’ils vous en parlent d’eux-mêmes. Face à un parent très fatigué, voire épuisé, vous pouvez dans un premier temps le déculpabiliser.  Que ce soit dans sa relation avec son enfant ou dans sa manière de faire, vous pouvez l’encourager ou lui dire que ce stade de développement de l’enfant n’est pas simple à gérer en tant que parent. En fonction de la situation, vous pouvez également lui rappeler que la difficulté parentale ou maternelle concerne 100% des parents. La maternité 100% bonheur et le parent parfait n’existent pas. Il est important de le rappeler lors des moments plus difficiles. Et une phrase venant de quelqu’un d’extérieur peut participer grandement à déculpabiliser le parent en question.

Dans des situations où un parent se livre sur sa fatigue ou son épuisement, l’important n’est pas tant de lui donner des conseils et astuces au risque qu’il se renferme. Le plus important est d’accueillir ses émotions et de le laisser parler sans jugement et sans projection de notre propre expérience. Finalement, dans ce cas, ce qui l’aidera le plus est d’avoir une écoute sincère et une oreille attentive. L’une des grandes clés pour aider un parent fatigué psychologiquement et moralement est de le rassurer dans son lien avec son enfant. Surtout par exemple dans la période où la maman reprend le travail. Découvrez d’ailleurs tous les conseils pour accompagner au mieux une maman au retour de son congé maternité.  Enfin, vous pouvez, après avoir établi une relation de confiance, l’orienter vers différents professionnels, qui lui permettront de mieux gérer sa fatigue.

Se former pour accueillir les parents épuisés

La relation entre parent et professionnel de la petite enfance est souvent régie sous l’angle de l’enfant. Cela est tout à fait normal : vous êtes des professionnels de la petite enfance. Pour autant, face à un parent fatigué, les relations peuvent se tendre ou provoquer une fatigue supplémentaire. Pour vous comme pour lui. Aujourd’hui, la fatigue parentale s’accroît d’année en année et il est important pour l’entourage des parents et de l’enfant d’y être sensibilisés.

Pour ne citer que quelques chiffres, selon une étude Ifop réalisée en 2022, 20% des mères déclarent avoir déjà fait un burnout. 14% déclarent en faire un et 40% disent qu’elles pourraient en faire un un jour. C’est donc 3 mères sur 4 qui se sentent concernées par le burnout, l’ultime étape de la fatigue. Dans la même étude, 57% des mères se déclarent épuisées moralement…On parle également de plus en plus de fatigue paternelle.

Pour pouvoir mieux vivre la relation que vous avez à la fois avec l’enfant et le parent, il est important d’être sensibilisé à ce problème. Il est également important d’avoir des clés pour mieux les comprendre et les aider avec des techniques d’accompagnement rapides. C’est en l’occurrence ce que je propose au sein de l’atelier destiné aux professionnels de la petite enfance avec des mises en situation. L’idée n’est pas de remplacer un professionnel de santé mais de pouvoir améliorer vos relations avec parents et enfants tout en accueillant ce que le parent veut bien vous dire.

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