Et si on cessait de vouloir être le parent parfait ?

Chez Choisir Ma Crèche, nous avons eu la chance d’échanger avec Stéphanie Pujalte, spécialisée dans l’accompagnement auprès des jeunes mamans. Elle-même maman de 2 enfants, elle guide les mères à gérer leur épuisement parental et à retrouver un rythme de vie apaisé. Elle met en lumière aujourd’hui le mythe du parent parfait, qui s’est introduit petit à petit dans notre société et nous livre alors les clés pour s’en détacher et s’accepter tel que l’on est.

Comment la société a imposé le mythe du parent parfait ?

C’est une longue histoire qui remonte aux années 20 ! Le parent parfait, et plus spécifiquement, la mère parfaite, a été créée de toutes pièces par la société et a évolué au fur et à mesure des décennies. Pour mieux comprendre, remontons le fil de l’Histoire. Après la première guerre mondiale, les pertes humaines avaient annulé la croissance démographique. L’Etat a alors lancé une politique nataliste. En 1924, la Revue de l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française titrait « Il faut naître ». C’est alors qu’on a véhiculé l’idée que la maternité était un “statut 100% bonheur“. Les familles de 8 enfants et plus recevaient même à l’époque la médaille d’or de la famille française. Cette époque a marqué le début du parent parfait : le parent heureux partout et en tout temps !

Les années 50 ont apporté une surcouche au diktat avec le concept de « la mère bonne ménagère ». A ce propos, un article publié en mai 1955 dans un magazine pour femmes, Housekeeping Monthly révèle divers conseils pour le moins surprenants ! Voici l’un d’eux. “Environ 15 minutes avant que votre mari rentre, prenez une courte pause pour vous préparer : retouchez votre maquillage, remettez vos cheveux en ordre et refaites-vous une beauté. Il a vu des gens fatigués par le travail toute la journée, alors soyez impeccable” Exit la maman fatiguée et bonjour la mère coquette, souriante, ayant préparé le repas dans une maison qui brille !

Les années 70 ont marqué l’arrivée en masse des femmes sur le marché du travail. Nous avons alors assisté à l’avènement de la maman active sans jamais lui retirer ses critères de bonne ménagère et de personne heureuse en tout temps et en tout lieu. C’est ainsi qu’aujourd’hui, la société prône l’idée d’une maternité épanouie qui devrait aussi répondre aux injonctions de performances sans plainte. Mais depuis quelques années un contre-courant est en marche ! Un mouvement de fond qui réclame davantage d’authenticité, le vernis craque, assumons nos imperfections pour vivre mieux !

 

Voici 3 conseils pour accepter d’être un parent imparfait ?

La perfection s’entend pour des objets. L’humain et les relations humaines sont bien plus complexes et par nature, ne peuvent pas être parfaits. J’évoque pour les parents une singularité propre à chacun qui ne permet à personne de rentrer dans un moule prédéfini. Et c’est finalement notre singularité de personnalité et de caractère qui fait notre richesse. A condition de s’accepter et de ne pas tenter de rentrer dans ce fameux moule du “parent parfait qui gère tout”. Parce qu’à force de tenter de l’être, les parents se retrouvent épuisés, culpabilisent et finissent par perdre confiance en eux. Alors concrètement, comment fait-on pour se défaire de cette fatigue du “parent parfait” ?

 

1-      Se défaire de sa charge mentale

La charge mentale a été définie pour la première fois en 1984 par Monique Haicault par « le fait de devoir penser simultanément à des choses appartenant à deux mondes séparés physiquement. Par exemple, la maman au travail qui pense à ce qu’elle doit faire le soir en rentrant. » Que l’on soit homme ou femme, parent ou non, tout le monde a été un jour confronté à la charge mentale. Là où elle est dangereuse, c’est lorsqu’elle dure et qu’elle soumet le cerveau à une pression constante, entrainant des troubles du sommeil, de la fatigue physique, psychologique et morale supplémentaire. Et dans ce cadre, les parents et les mères sont des cibles idéales. La bonne organisation du foyer ne prend pas de congés et les tâches se répètent sans qu’on ait l’impression qu’elles se terminent. Dans un monde où la vie va à 100 à l’heure, il est souvent difficile pour les parents de ne pas se laisser happer par des to-do listes pour ne pas oublier ou des situations de stress dans le grand jeu “d’équilibriste” de tous les rôles de notre vie.

Pour gérer au mieux la charge mentale, je donnerais 4 moyens efficaces pour la diminuer :

  1. Partager les tâches de A à Z, c’est à dire du fait de s’en rappeler, de l’organiser et de l’effectuer. Un partage dans lequel l’un des deux parents rappelle à l’autre ne permet pas de se défaire de la charge mentale. Au contraire, un partage dans lequel chacun pense à ce qu’il doit faire permet à tout le monde de pouvoir ne pas penser à tout en tout temps.
  2. Savoir dire non et s’affirmer de manière générale, que ce soit auprès de l’entourage proche ou moins proche permet de faire passer sa récupération en priorité et de ne pas avoir l’esprit occupé à penser à des choses supplémentaires lorsque l’on est fatigué. Cela ne veut pas dire tout refuser mais cela veut dire reporter pour gérer sa charge mentale.
  3. Avoir un rituel d’endormissement permettant de se relaxer avec de la musique, de la méditation, des exercices de respiration, un journal relatant les moments heureux de la journée permet également de ne pas penser à l’organisation tard le soir au risque de ne pas savoir s’endormir.
  4. Avoir, en cas de fatigue persistante, une to-do liste de malade permet de se rappeler que l’essentiel est fait chaque jour. Souvent, je dis aux mamans que j’accompagne qu’il est rare de trouver sur une to-do le fait de manger, de nourrir son enfant, de la changer, de le récupérer à la crèche… Et pourtant, l’essentiel est bien là ! Mais nous l’oublions souvent. Alors, que feriez-vous si vous étiez malade avec un bel état grippal ? Lorsque vous êtes vraiment fatigués, prenez cette période pour un état grippal et adaptez en fonction de cet état.

 

2-      Stopper sa culpabilité

Tenter d’atteindre un idéal de parent parfait se heurte souvent à de la culpabilité. Etant inatteignable, le parent se reproche parfois de ne pas y arriver, d’être trop fatigué, d’avoir parfois même des émotions exacerbées dues à la fatigue. Et tout ce cercle s’entretient : la culpabilité entraine de la fatigue et vice versa. Pour arrêter de culpabiliser en tant que parent, je dirais d’abord qu’il faut avoir la conviction qu’il n’y a pas de modèle ni d’école de parent. En réalité, j’aime dire qu’il y a autant de modèles que de parents et d’enfants. Posez-vous de vraies questions. Quel est votre idéal à vous, et pas celui de la société ? Qu’est-ce qui vous rend profondément heureux ? Et suivez VOTRE idéal !

De la même manière, n’essayez pas d’être à la hauteur mais soyez à votre hauteur : c’est ce qui vous permettra à la fois d’être moins fatigués et plus épanouis. En réalité, il est extrêmement important de se construire son propre modèle familial en déconstruisant nos conditionnements, qu’ils soient sociétaux ou même éducatifs. Et si vraiment une situation vous fait culpabiliser (parce qu’il n’y a pas d’école de parent), je dis souvent aux parents de remplacer ce sentiment par une seule question : Comment ferez-vous la prochaine fois que vous serez confrontés à la situation qui vous a causé ce sentiment, de sorte à ne pas la reproduire ? C’est bien plus constructif.

 

3-      Retrouver confiance en soi

Le mythe du parent parfait nous fait souvent perdre en estime de soi et en confiance en soi. Rappelez-vous que la confiance en soi, ce n’est pas être quelqu’un d’assuré tout le temps mais c’est savoir que vous avez les capacités pour faire face aux situations. Alors, informez-vous, faites-vous des convictions, écoutez-vous et faites en sorte de respecter vos valeurs profondes. Vous verrez que si régulièrement, vous vous demandez si vos choix respectent vos valeurs, vous gagnerez en confiance !

Laissez-vous le droit à l’erreur parce que chaque parent en fait. L’important est de savoir la reconnaitre et y remédier. Enfin, soyez certains qu’un bon parent n’est pas un parent qui coche toutes les cases de la perfection, c’est un parent qui aime son enfant sans violence ! Et je pense que l’on est beaucoup à cocher cette case !

 

Découvrez toutes les conseils de Stéphanie Pujalte sur son blog mamroulouve et bénéficiez d’un accompagnement pour retrouver un équilibre dans votre vie de maman !