Pédagogie active, Montessori, Steiner Waldorf : quelle est la meilleure pédagogie en crèche ?
La crèche est le mode de garde collectif préféré des Français. Ce mode d’accueil est fortement plébiscité par les parents à la recherche d’un mode de garde alliant sécurité pour leur enfant et collectivité. C’est également un mode de garde compatible avec le travail des parents, grâce à la flexibilité des horaires, ainsi que leur localisation : à proximité du travail ou de leur domicile. Mais quand ont été créées les crèches ? Pour répondre à quels besoins ? Nous vous donnons quelques éléments de réponse dans cet article.
Les origines de la crèche
Un mode de garde avant tout
C’est en 1840 que la première crèche a vu le jour, à Paris. A l’époque, le déclencheur, c’est l’arrivée des femmes dans le monde du travail. A l’instar des crèches telles qu’on les connaît aujourd’hui, elles permettent aux femmes d’avoir un emploi tout en ayant un ou plusieurs enfants à leur charge. Toutefois, à cette époque, la crèche est uniquement un endroit où l’on garde les enfants : par exemple, les mères doivent venir deux fois par jour sur place pour les nourrir. C’est au début du XXème siècle, avec le développement de la pédiatrie et de la puériculture, que ces structures évoluent pour être contrôlées médicalement. Et ce n’est qu’au cours des années 1950 que les médecins se questionnent sur la qualité de structure d’accueil et uniquement d’accueil des crèches. Les questions du développement de l’enfant, de l’éveil, de la socialisation sont alors posées. Puis, l’époque des grandes contestations des années 70 a contribué à un changement massif du public cible des crèches : les jeunes parents, aujourd’hui diplômés, veulent que leur enfant soit gardé pendant leur journée de travail au sein de structures qui favorisent leur éveil. Selon Yvonne Knibiehler, essayiste spécialisée dans l’histoire des femmes et de la maternité, “les mères ne consentaient pas à abandonner leur travail pour élever leurs petits, mais elles n’acceptaient pas davantage d’abdiquer leur responsabilité maternelle entre les mains de prétendus spécialistes. Elles confiaient leur enfant mais en gardant voix au chapitre, en lisant des livres de puériculture et de psychologie.” Enfin, en 1980, les avancées en matière de neurosciences liées à l’enfant permettent une meilleure prise en compte du fait que l’enfant a des besoins. Et en crèche, ce sont les puéricultrices et auxiliaires de puériculture qui y répondent. Mais au-delà de cela, leur rôle est également de stimuler les enfants par le biais d’un environnement adapté, d’activités, et de pédagogies et concepts novateurs et dans leur intérêt.
Un moyen d’éveiller les tout-petits
C’est Françoise Dolto qui, dans la deuxième moitié du XXème siècle, affirme en premier que l’enfant est une personne. Pour elle, et selon la totalité de son travail, l’enfance a un rôle fondamental dans le développement de l’individu. C’est pourquoi il est primordial de le voir en tant que tel dès son plus jeune âge, de lui parler, de l’aider à se développer et à s’éveiller. D’autre part, l’enfant a des besoins différents de ceux de l’adulte, et surtout, il ne peut pas y répondre seul : il est dépendant de l’action et de la bienveillance d’un adulte tiers. En effet, l’enfant a 5 types de besoins différents, à savoir :
- les besoins physiologiques, tels que les repas, le sommeil, et l’hygiène,
- le besoin de sécurité,
- le besoin d’appartenance,
- le besoin d’estime de soi,
- le besoin de réalisation de soi.
Les structures de crèche sont aujourd’hui organisées en fonction de ces besoins, afin d’y répondre et de suivre le rythme de chacun des enfants. Chaque crèche est tenue de rédiger un projet d’établissement dans lequel se trouve généralement un projet éducatif et pédagogique. S’il ne faut pas confondre projet éducatif et projet pédagogique, les deux vont de pair. Le projet pédagogique, lui, s’inspire souvent de courants de pensées variés ou de grands noms tels que Emmi Pikler, Françoise Dolto ou encore Maria Montessori.
Les pédagogies éducatives en crèche
Quelles sont les principales pédagogies ?
Si aujourd’hui, elle est devenue un adjectif qualifiant une pédagogie, Montessori est avant tout le nom de sa créatrice, l’italienne Maria Montessori. Cette pédagogie repose sur le principe de “l’esprit absorbant” : c’est l’idée que dès son plus jeune âge, l’enfant absorbe l’environnement dans lequel il évolue. L’approche Montessori vise à faire évoluer l’enfant à son rythme, en lui donnant toutes les clés pour apprendre, et en le laissant développer son potentiel grâce à son environnement. C’est bien l’autonomie qui est visée au travers de cette pédagogie. Globalement, en crèche, cette approche est très facilement mise en œuvre : les professionnels agissent tels des guides et observent les enfants pour intervenir lorsqu’ils en éprouvent le besoin, de façon calme et en mettant à leur disposition un espace épuré, à leur hauteur, clair et ordonné.
Néanmoins, les crèches s’inspirent également de plus en plus d’une autre pédagogie centrée sur le rythme de l’enfant : Steiner-Waldorf. Moins connue que la première, elle tire également son nom de son inventeur, Rudolf Steiner. Son objectif est d’accompagner les enfants dans leur expérimentation du monde et de leur intériorité. Elle prend en compte les trois phases de développement de l’enfant (marcher, parler, et penser), et veille à stimuler leurs quatre sens corporels (le toucher, le sens de l’équilibre, le sens de la vie et du moi-profond).
Une autre pédagogie souvent explorée en crèche est celle que l’on appelle Pikler-Loczy, du nom de la pédiatre Emmi Pikler, et de l’institut dans lequel elle a exercé. Son objectif est d’accompagner le développement du bébé en se basant sur le principe d’autonomie, mais aussi sur le concept qui lui est propre d’adulte référent et bienveillant. C’est la construction d’une relation affective particulière et privilégiée avec l’adulte référent en crèche qui sécurise l’enfant et lui permet de se développer. En crèche, le professionnel observe et intervient le moins possible, tout en étant toujours le “phare” dont l’enfant a besoin pour se construire.
Retrouvez la liste exhaustive des différentes pédagogies explorées en crèche dans l’abécédaire de la crèche Partie 3 !
Comment choisir la bonne pédagogie ?
Aucune pédagogie n’est meilleure qu’une autre. Toutes les approches explorées en crèche ont leurs propres bénéfices vis-à-vis des enfants, et sont très souvent complémentaires. En réalité, la meilleure pédagogie pour votre enfant, c’est avant tout:
- celle qui est en adéquation avec vos valeurs, celles que vous voulez inculquer à votre enfant.
- celle qui convient le mieux à votre mode de vie, celle qui vous permet d’éduquer votre enfant comme vous l’entendez, tout en respectant ses besoins.
- celle sur laquelle vous vous êtes renseigné, qui même si vous ne la pratiquez pas à la maison vous semble la plus adaptée à vous et votre enfant
- celle qui correspond à votre enfant, qui colle avec son caractère et qui l’éveille, lui permet de s’épanouir et de grandir tout en étant à l’aise
Toutes les crèches ne revendiquent pas l’exploration de telle ou telle pédagogie. En effet, en règle générale, les crèches composent en utilisant les enseignements de chacune de ces pédagogies afin d’accompagner au mieux le développement de l’enfant. Car c’est bien de l’enfant et de son bien-être dont il s’agit : le tout est de s’adapter et adapter ses pratiques aux besoins des petits.