Accueil > Actualité des crèches et de la petite enfance > Entreprise > Rôles modèles, femmes quotas : vers l’égalité hommes/femmes au travail
Rôles modèles, femmes quotas : vers l’égalité hommes/femmes au travail
Depuis 2011, la loi Copé-Zimmermann a permis d’élargir l’accès à un grand nombre de femmes aux Conseils d’administrations des entreprises. Aujourd’hui, ce sont les plus paritaires d’Europe. Dans la lignée de ce succès, le gouvernement a décidé en 2021 d’imposer des quotas de femmes dans les instances dirigeantes. En effet, les inégalités de genre en milieu professionnel sont encore nombreuses. Au sein de l’Union européenne, la rémunération horaire des femmes est inférieure de 14,1 %, en moyenne, à celle des hommes. D’autre part, les femmes entrepreneures ont moins accès aux financements que les hommes. Et pourtant, en 2019, le Chiffre d’Affaire des entreprises gérées par des femmes a augmenté de 5,5% alors que celui d’entreprises dont les gestionnaires sont des hommes n’a connu une croissance que de 4,8%. En outre, la crise de la Covid-19 a permis aux femmes de montrer leur capacité de résilience, d’adaptation, d’innovation et de s’imposer sur le marché du travail. Mais lorsque l’on est une femme, les obstacles sont encore nombreux. L’instauration de quotas pour la sensibilisation à l’embauche de femmes est-elle indispensable pour aller vers une égalité entre les hommes et les femmes ? D’autres solutions sont-elles envisageables ? Nous avons exploré quelques pistes de réponses.
La discrimination positive : un outil contre les inégalités
La discrimination positive ou “affirmative action” en anglais a vu le jour dans les années 60 aux Etats Unis. A l’origine créée en faveur de l’insertion dans la société des descendants d’esclaves, ce concept a rapidement été repris par tous les citoyens discriminés du fait de leur sexe ou de leur origine ethnique. Mais cette “dédiscrimination” comme certains l’appellent, a certes ses supporters, mais elle a aussi ses détracteurs. Pour certains d’entre eux, le fait d’imposer des quotas de femmes dans les entreprises serait pour elles un frein à l’obtention d’une reconnaissance dûment méritée pour leur travail. Pour d’autres, c’est le risque de ne faire que de l’affichage, ou du marketing, soigner sa réputation sans pour autant comprendre le fond du sujet. Enfin, certains pensent qu’imposer des quotas de femmes dans les entreprises serait un frein à l’évolution des mentalités : comment faire comprendre l’importance des femmes dans le monde du travail si elles sont imposées ? Mais pour autant, les avis en faveur de ces “femmes quotas” gagnent du terrain. En effet pour eux, sans contraintes, aucune avancée n’est possible. Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne va même jusqu’à affirmer : “A compétences égales, je préfère recruter une collaboratrice”. C’est d’ailleurs à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes qu’elle s’est exprimée sur le sujet : « Osons repenser les parcours professionnels préétablis et encourageons ainsi les femmes et les jeunes filles à s’engager sur des terrains où trop peu d’entre elles se sont aventurées à ce jour »
Les femmes quotas : ouvrir la porte à la réduction des inégalités
“Ich bin eine Quotenfrau” : c’est le slogan qu’ont entonné pas moins de 40 personnalités féminines allemandes à l’occasion de l’annonce fin 2020 d’imposer à toutes les entreprises allemandes de plus de 2 000 salariés de compter au moins une femme dans leur comité de direction, dès l’instant où ce comité comporte trois membres ou plus. Ces femmes “quotas” n’ont pourtant pas toujours perçu la chose d’un bon oeil : Kat Borlongan par exemple, nommée en 2018 par le gouvernement à la tête de la French Tech, a confié au journal Les Echos avoir eu peur de passer pour “celle qui coche toutes les cases”. Femme, d’origine philippine, elle craignait que sa légitimité soit remise en question. Toutefois, aujourd’hui et comme la majorité d’entre elles, Kat Borlongan a pris conscience de la responsabilité qui était la sienne. “ En me voyant, des jeunes femmes immigrées, avec un accent, pourront se dire que la porte leur est ouverte. C’est dur, mais c’est notre rôle et on doit l’assumer”. Comme l’a dit la ministre déléguée chargée de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher, “En tant que femme politique et ministre, j’assume de dire que je suis une femme-quota. Et ma génération de femmes-quotas prouvera par ses qualités professionnelles que les femmes ont naturellement leur place aux postes de responsabilités.” Leur objectif est clair : ne plus jamais avoir à remettre en question la place des femmes dans le monde du travail.
Revoir l’organisation du travail pour plus d’égalité femmes/hommes
Elle l’affirme : “ Les quotas de femmes dans les conseils d’administration ont transformé la gouvernance des entreprises”. Marie-Jo Zimmermann, la femme à l’initiative de la loi Copé-Zimmermann, avait instauré un quota de 40% de femmes dans les conseils d’administration. 10 ans après, les femmes quotas ne sont toujours pas synonymes d’égalité homme/femme. Cette législation doit plutôt être perçue et accueillie comme un outil qui nous guidera vers cette égalité nécessaire. Aujourd’hui, les femmes sont davantage confrontées à la charge mentale, se retrouvent souvent coincées sous ce fameux “plafond de verre”, subissent des comportements sexistes, n’obtiennent pas forcément le soutien conjugal nécessaire… D’autres outils pourraient entrer en jeu, à commencer par une réorganisation du monde du travail, moins pénalisant pour les femmes, et plus précisément les mères. L’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle est souvent précaire pour elles. Des évolutions de carrière prenant en compte leurs compétences et leurs envies devraient être proposées…
L’accession des femmes au monde du travail intervient dans un débat de société plus global visant à le moderniser et à prendre en compte de nouveaux enjeux : l’arrivée massive des femmes dans le monde du travail en est un, l’avènement du digital accéléré par la crise du Covid ou encore la dénonciation de pratiques managériales toxiques en sont d’autres. La solution réside peut-être dans la construction d’un modèle hybride puisant sa source dans des méthodes centrées sur l’humain, la prise en compte de tous sans distinction de genre, d’origine sociale ou ethnique, sur l’épanouissement et le développement personnel.
Sur ce sujet, Céline Alix a rédigé un livre intitulé Merci mais non merci, dans lequel des dizaines de femmes aux carrières prestigieuses lui ont fait comprendre qu’elles pouvaient créer les prémices d’un autre monde du travail. Chacune d’elles redessine une nouvelle vision de la réussite sociale, et de ce que signifie réussir en entreprise. Un ouvrage à se procurer de toute urgence !