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La méthode Palo Alto pour apaiser les conflits en crèche
Les moqueries ou les conflits entre les tous petits sont des situations fréquentes. Ces moments désagréables font malheureusement partie de la vie en communauté mais peuvent être minimisés afin de rétablir un environnement serein entre tous. Il est donc primordial en tant qu’adulte de cerner rapidement cette forme précoce de harcèlement. L’objectif étant d’intervenir au plus tôt afin de guider les protagonistes vers le comportement adéquat et ainsi de réduire ce fléau qui toucherait près d’un enfant sur dix dans les écoles françaises. Pour connaître la démarche à suivre, l’adulte encadrant peut s’inspirer de l’école Palo Alto, qui fait ses preuves depuis 1960 !
L’école Palo Alto pour faire face au harcèlement
L’école de Palo Alto tient son nom de la ville où cette approche est née. Son Leitmotiv est de travailler à apaiser les interactions plutôt qu’à soigner les personnes, cela signifie qu’il est plus productif de modifier les relations que l’individu entretient avec les autres ou soi-même que de tenter de changer sa conscience, son mental. Alors que dans les thérapies psychanalytiques, ce sont les prises de conscience sur des causes anciennes qui amèneraient à la guérison ; ici, c’est la modification des interactions et des perceptions qui rendrait le patient apaisé.
En suivant cette approche, Emmanuelle piquet, thérapeute formée à la thérapie brève selon l’Ecole de Palo Alto a créé en 2008 Chagrin Scolaire. Face au nombre accru d’enfants harcelés, Chagrin scolaire a été bâtie dans le but d’apprendre aux harcelés les positionnements à avoir et également de faire comprendre aux harceleurs l’impact de leurs actes. Pour ce faire, cette thérapeute aide quotidiennement des patients à gérer des situations conflictuelles dans son cabinet à Macon et par visio dans la France entière. Par ailleurs, elle a rédigé des livres, Te laisse pas faire ! et Je me défends du harcèlement, adaptés aux jeunes lecteurs. Un diplôme universitaire a également été mis en place « traiter les souffrances en milieu scolaire et périscolaire » et permet désormais aux formateurs de l’équipe Chagrin scolaire d’intervenir dans les établissements scolaires et d’aider des milliers d’enfants et professeurs. Cette technique de persuasion fait de plus en plus ses preuves dans les établissements scolaires et il pourrait également être opportun de l’appliquer au sein des crèches.
Appliquer la méthode Palo Alto au sein des crèches
Dès le plus jeune âge, les traits de caractères de chacun se dessinent pour s’affirmer petit à petit. Il est normal que certains enfants prennent l’ascendant sur leurs camarades mais il faut rester vigilant à ce que cette domination ne devienne pas néfaste. La crèche est le premier lieu où les enfants apprennent les règles en société et les échanges relationnels. Il est donc essentiel de leur relayer les règles de bases de respect et d’agir dès qu’un enfant sort des limites. En acceptant dès le début des mots humiliants de la part d’un enfant, il pensera que cette situation est banale et continuera toute le restant de sa scolarité à agir de la sorte.
Pour rétablir le respect et empêcher le harcèlement en crèche, les professionnels peuvent s’inspirer de la méthode Palo Alto. Le meilleur remède pour faire grandir « l’harcelé » est de lui expliquer les mots et la posture à avoir face à son agresseur. La technique serait d’inverser totalement la réaction primaire qui est de se mettre en colère et de répondre agressivement. Il serait plus perspicace de rentrer dans le jeu de l’agresseur. Par exemple, si un enfant rabaisse un autre en lui disant « tu as perdu au jeu, tu es nul », l’harcelé devrait lui répondre « oui tu as raison, heureusement que tu es là pour me le dire ». En agissant de la sorte, le premier sera déstabilisé et ne trouvera plus d’utilité d’embêter à nouveau son camarade. En effet, l’harceleur est toujours un enfant en grande souffrance, qui cherche simplement à se faire remarquer et être entendu par son entourage. Lorsque l’harcelé rentre dans son jeu, il n’a plus d’utilité à venir l’embêter car il n’a plus cet effet de « force », il changera alors de cible. Pour éviter de faire vivre cette douloureuse expérience à un autre camarade, l’adulte doit obliger l’harceleur à consulter un spécialiste qui lui apprendra à gérer ses colères autrement qu’en la rejetant sur les autres. Ainsi à travers cette méthode, l’adulte doit lui aussi inverser ses réactions primaires : plutôt que de punir l’harceleur, mieux vaut lui accorder peu d’importance et éviter de couver l’harcelé en le prenant dans les bras par exemple, même si la tentation est grande. Ce geste ne fera que le rendre plus fragile qu’il ne se sent déjà. En agissant à la place de l’enfant, il pensera qu’il est incapable d’aller lui-même se confronter aux autres durant les moments conflictuels, ce qui le handicapera dans ses relations futures.
Cette technique difficile à mettre en place est un long chemin de bataille. Quoi qu’il en soit, face à un épisode violent, le dialogue reste la première démarche à suivre. C’est en échangeant sur ce qui s’est passé et en poussant les enfants à s’exprimer sur leurs émotions et leur ressenti qu’ils sauront qu’ils doivent chercher à les verbaliser. Surtout du côté de l’enfant victime, afin qu’il comprenne qu’il doit solliciter son environnement si l’agression se répète.