Comment aider les enfants à gérer les émotions ?
Dès leur naissance, les bébés ressentent des émotions. Si nous sommes capables, en tant qu’adultes de les exprimer et de les contrôler, il est plus difficile pour les tout petits de gérer les flux émotionnels.. Les adultes ont un rôle important à jouer, afin de les accompagner dans l’acceptation de ces émotions. La pierre angulaire est de construire un socle de confiance en eux pour leur garantir un développement optimal.
Comment accompagner votre enfant de la découverte de ses émotions ? L’observation et la communication sont deux éléments clés pour vous guider, découvrez d’autres conseils dans cet article.
Les 4 étapes clés du développement des émotions de l’enfant
La première année : observer et reconnaître les émotions
Entre sa naissance et son premier anniversaire, le bébé est dans l’étape 1 : reconnaître les manifestations d’une émotion par le biais de la voix et de l’observation des visages qui l’entourent. Dans les tout premiers mois de sa vie, l’enfant va commencer à manifester des émotions primaires comme la douleur, le dégoût, le plaisir, la colère, la surprise et la tristesse. Ce sont des émotions directement liées à son environnement, la nourriture qu’il mange, les événements qu’il perçoit… Jusqu’à ses un an environ, l’enfant va développer la capacité à détecter des émotions via l’expression du visage des autres. Toutefois, leur signification lui échappe encore.
La deuxième année : identifier et nommer l’émotion
De ses 1 an à ses 2 ans, l’enfant entre dans l’étape 2 : déterminer l’émotion et la nommer. Après cela, l’enfant commence à montrer des signes de compréhension des émotions, et est capable d’en différencier deux types : les émotions positives et négatives. De là, il peut adapter son comportement en fonction de l’émotion observée chez ses parents et notamment sa maman. En général, dans sa deuxième année, l’enfant peut exprimer des émotions plus complexes telles que la fierté, la gêne, la honte. Il est également capable d’exprimer ses frustrations par la parole.
La troisième année : comprendre la manifestation d’une émotion
C’est dans sa troisième année que l’enfant entame l’étape 3 : reconnaître la situation ayant provoqué l’émotion. En effet, l’enfant peut nommer des situations liées à une ou plusieurs émotions, ou qui lui ont provoqué une certaine émotion. La verbalisation est alors possible et la gestion des émotions peut commencer.
A partir de quatre ans : accepter et surmonter les émotions
La dernière étape du développement des émotions chez l’enfant commence aux alentours de 4 ans : faire des analogies entre ce qui cause une émotion et ses possibles conséquences. L’enfant accepte davantage ses frustrations et c’est en général à partir de 5 ans qu’il peut contenir ses émotions. C’est là que commence la gestion des émotions.
Les âges cités ici ne sont que des généralités : il n’existe aucune règle précise sur le sujet, puisque chaque enfant se développe à son propre rythme et en fonction de son degré de sensibilisation à la verbalisation.
Connaître les émotions pour pouvoir les accueillir
Lorsque nous enseignons aux enfants à identifier et accueillir leurs émotions, nous leur donnons de véritables outils qui leur serviront tout au long de leur vie. Afin de pouvoir gérer et contrôler ses émotions, il est d’abord nécessaire de savoir les reconnaître et les nommer.
Apprendre à reconnaître ses émotions
De nombreux outils existent pour enseigner les émotions aux enfants. Tout au long de la journée, il peut être intéressant de demander aux enfants quelles émotions ils ressentent à un instant T, et de les mettre en mots, afin de savoir quoi faire pour se sentir mieux, dans le cas d’une émotion négative, ou comment le recréer, dans le cas d’une émotion positive. L’utilisation de marionnettes qui jouent différentes situations apporte le côté ludique et amusant, tout en faisant participer les enfants à deviner quelles émotions les marionnettes ressentent, d’après eux, face à telle ou telle situation jouée. Le fait de demander régulièrement aux enfants de se regarder dans un miroir en mimant telle ou telle émotion peut également les aider à mettre des mots sur des ressentis profonds. Enfin, en fin de journée, le débriefing peut aussi les aider à faire le point sur ce qu’ils ont ressenti à différents moments. Par exemple, l’adulte peut commencer en disant “Aujourd’hui, je me suis sentie heureuse quand tu m’as fait un bisou en rentrant de l’école” et inciter l’enfant à en faire de même.
C’est dans le cadre de la reconnaissance de leurs émotions par les enfants et par les adultes qui s’occupent d’eux tout au long de leur enfance que Céline, psychologue et Anne-Sophie, éducatrice de jeunes enfants ont décidé de rédiger un livre pour enfant, intitulé “Qui montre ses dents?”. Comme elles l’expliquent, l’histoire de ce projet tient son origine de l’observation d’une petite fille au sein d’une crèche. Cette enfant mordait énormément ses camarades de crèche et les auxiliaires et éducatrices en présence se retrouvaient désemparées face à cela. Céline, accompagnée d’Anne-Sophie, a décidé d’écrire ce livre pour accompagner la morsure comme elle la proposent au personnel des crèches qu’elle visite : un moyen de verbaliser ses émotions. Sa volonté première étant de poser les choses de façon douce et tendre, comme un paradoxe à l’action même de la morsure. En effet, l’utilisation des dents est un acte positif, si l’on sait y répondre de manière adaptée. Ce livre est imaginé à la fois pour les enfants, car il va les aider à comprendre pourquoi ils ressentent l’envie de mordre, et il est composé de matière saines et éco-responsables, d’encre végétale qui leur permettent de le manipuler sans risque. Il est aussi bénéfique pour les adultes qui les accompagnent, qui pourront s’y référer lorsque l’occasion se présentera. Le texte de ce livre est entièrement rédigé et validé par des professionnels de crèche ; vous pouvez participer au financement des illustrations en vous rendant sur le lien de leur campagne Ulule !
Comment accueillir ses émotions ?
“Elles nous inquiètent, nous ne savons généralement pas comment réagir et le faisons souvent avec beaucoup de maladresse”, constate Isabelle Filliozat au sujet des émotions des enfants. La psychothérapeute explique également que “leur néocortex ne leur permet pas encore de tempérer les réactions de leur cerveau émotionnel”. C’est donc aux adultes qui les accompagnent de les accueillir, les comprendre, de partager avec eux sur l’objet de leur souffrance ou de leur joie. Tout cela est essentiel pour leur permettre de gérer et contrôler leurs émotions.
Dans le cas d’une grosse colère, la gestion de la crise réside dans le fait de décrire et nommer : plus l’enfant aura de vocabulaire pour exprimer ses émotions, plus il sera à l’aise avec elles. Si l’enfant a peur, la solution n’est ni de l’éloigner de ce qui l’effraie, ni de lui demander de l’affronter. La clé est dans l’écoute de l’enfant, et le fait de le rassurer sur ce qui lui fait peur. La tristesse et les pleurs peuvent démunir bien des parents, mais en réalité, et Isabelle Filliozat le rappelle : pleurer fait du bien ! Le rôle de l’adulte dans ce contexte est de permettre à l’enfant de pleurer en faisant preuve de compréhension et de bienveillance. Et dans le cas d’un enfant qui saute de joie, l’adulte peut décider, s’il est disponible, de lui donner la priorité et de partager ce moment de joie avec lui. Dans le cas où il ne le serait pas, il est important que l’adulte exprime clairement à l’enfant qu’il ne peut pas partager ce moment avec lui tout de suite, mais qu’il le fera plus tard.
Finalement, la clé pour aider les enfants à gérer leurs émotions, c’est d’abord de les écouter, et de leur faire confiance. L’enfant n’est pas capricieux par nature. En effet, le “caprice” n’existe pas dans la mesure où l’enfant exprime ses émotions non pas pour faire changer l’adulte d’avis, mais vraiment pour exprimer son besoin et sa contrariété, par exemple. Il exprime simplement des besoins qu’il n’est pas capable de combler seul. Les adultes sont leurs seuls repères, leur montrer qu’ils sont pris en considération en tant qu’êtres dotés d’émotions à part entière leur confère toute la confiance et l’estime de soi dont ils ont besoin pour se construire.