Congé paternité : comment mieux accompagner les jeunes pères en entreprise ?

L’arrivée d’un enfant, d’autant plus quand c’est le premier, est un véritable chamboulement pour les deux parents. En droit du travail, la durée totale du congé maternité pour une salariée accouchant de son 1er ou 2ème enfant est de 16 semaines (6 semaines pour le congé prénatal et 10 semaines pour le congé postnatal). Jusqu’à récemment, le congé paternité était d’une durée de 11 jours, ce qui déséquilibrait inévitablement le partage des tâches parentales. Mais depuis deux ans, de nombreuses entreprises ont fait le choix de rallonger ce congé jusqu’à ce que le droit du travail suive en 2021. Explications sur un sujet de société qui ne cesse de faire débat.

Allongement du congé paternité : un acte en trois temps 

2002 : création du congé paternité

Auparavant, il était coutume que l’homme travaille et la femme reste à la maison pour s’occuper des enfants. Mais l’évolution des mœurs et l’émancipation des femmes au cours de ces 50 dernières années ont rebattu les cartes du schéma traditionnel familial. Désormais la France affiche un taux d’activité des femmes de 83% et chacun participe à l’éducation des enfants puisque les deux parents travaillent. Pour respecter le principe d’égalité et mettre en avant l’importance de l’implication des pères dans l’éducation des parents, le législateur s’est emparé du sujet en créant un droit au congé paternité de 11 jours consécutifs (18 jours en cas de naissances multiples) en 2002. Alors que la France était pionnière en la matière, elle s’est vite fait doubler par l’Espagne, mais surtout par les pays scandinaves. En effet, en Norvège par exemple, les pères sont obligés de prendre au minimum 4 mois de congé paternité.

En 2016, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques constatait que 7 pères sur 10 prenaient l’intégralité de leur congé paternité et ceux qui ne le faisaient pas étaient généralement en emploi précaire. Ce besoin de rester auprès de leur nouveau-né s’est donc fortement fait ressentir auprès des dernières générations de pères, ce qui a amené, dans un premier temps, les entreprises à revoir leurs politiques parentales.

2020 : 105 entreprises deviennent les premiers défenseurs de l’allongement du congé paternité avec le Parental Act

En 20 ans, la famille a considérablement changé. Désormais, les pères expriment le besoin de profiter des premiers temps de leur enfant et de répartir au mieux la charge parentale. Face à ce constat, 105 dirigeants d’entreprises ont signé, le 05 février 2020, une Tribune dans les Echos dans laquelle ils ont répondu à l’appel du Parental Act, une charte d’engagement. Ces entreprises ont ainsi promis de prendre en charge à 100 % un congé « second parent » d’un mois minimum pour chaque salarié qui accueille un enfant. « Nous voulons assumer ce devoir d’exemplarité dans le combat pour l’égalité femme-homme » ont-elles exprimé dans la Tribune. Avant d’ajouter qu’« aucun changement dans les habitudes et dans les mentalités ne sera durable ni profond s’il n’advient pas d’abord par l’action de la société elle-même. Néanmoins, sans attendre la loi, sans espérer l’Etat, nous entendons assumer nos responsabilités. » C’est avec cette dernière phrase en toile de fond, que le Président Emmanuel Macron a décidé d’inscrire l’allongement du congé paternité dans la loi de financement pour la Sécurité sociale 2021.

2021 : concrétisation de l’allongement du congé paternité

Depuis le 1er juillet 2021, la durée du congé paternité est portée à 25 jours calendaires découpés comme suit :

  • 4 jours obligatoires à poser à la naissance de l’enfant.
  • 21 jours calendaires à faire courir dans un délai de 6 mois suivant la naissance de l’enfant.

A noter que le congé paternité commence juste après le congé de naissance d’une durée de 3 jours.

Former les managers à l’annonce d’une grossesse

L’annonce de la grossesse est une situation redoutée par les salariées. Des remarques déplacées, voire inappropriées, peuvent être soulevées : “on va faire comment sans toi ?”, “ça tombe mal que tu sois enceinte, ça ne nous arrange pas…”, etc. Du côté de la salariée et du manager, la relation de travail peut s’en trouver affaiblie. C’est pourquoi 1 femme sur 10 avoue avoir caché sa grossesse le plus longtemps possible par peur de la réaction de son supérieur.
Les RH ont donc tout intérêt à anticiper ce type de situation, qui fait partie de la vie de toute entreprise. Plus le dialogue sera facilité, meilleure sera l’intégration de la grossesse dans l’entreprise. Pour avoir une idée de campagne de dialogue à mener, l’entreprise Axa a créé des ateliers “Managers et parentalité” pour former ses managers à l’accueil et à l’accompagnement des parents-salariés de l’entreprise.

Congé paternité : quelques bonnes pratiques à adopter par l’entreprise

Décharger la mère qui se remet de l’accouchement est devenu un enjeu de santé publique. Santé publique France s’est d’ailleurs prononcé sur le sujet dans son 6ème rapport de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM) en relevant que la deuxième cause de décès des mères postpartum était le suicide. Plus que jamais, l’équilibre des tâches parentales entre le père et la mère au cours des premières semaines de l’enfant est devenu nécessaire.

Il est donc nécessaire pour les entreprises elles-mêmes d’encourager le père à prendre son congé paternité, en développant une politique parentale plus favorable.

S’assurer de l’exemplarité des pères cadres dirigeants

Même les cadres dirigeants peuvent devenir un jour pères ! Or, en entreprise, les cadres dirigeants ne sont que 47 %[1] à prendre leur congé paternité dans leur intégralité. La raison ? Ils ont l’impression que leur présence est requise au travail, notamment lors de contextes spécifiques tels qu’une réorganisation, ou considèrent que le congé paternité n’est pas intéressant d’un point de vue financier. Pourtant, ils sont les premiers à devoir montrer l’exemple aux salariés en prenant l’intégralité de leur congé, tout en ayant en amont assuré la passation.

Aligner le congé paternité sur le congé maternité

Les législateurs sont encore loin de légiférer sur un alignement de la durée du congé paternité sur celui du congé maternel. Pourtant, l’entreprise peut décider, dans sa politique parentale, de proposer cette solution tout en conservant une rémunération à 100 %. C’est par exemple le cas de Pernod Ricard qui accorde un congé rémunéré à 100 % de 2 mois.

[1] Étude menée auprès de 37 000 salariés par le CSEP et l’Institut BVA en 2018, publiée en 2019

 

Ne pas solliciter le père pendant son congé paternité

Si le père est souvent sollicité pendant son congé paternité, il sera plus facilement tenté de revenir travailler plus tôt. C’est donc à l’entreprise et aux managers de faire en sorte d’éviter tout retour prématuré. Pour ce faire, ils peuvent anticiper son remplacement ou la passation des dossiers de manière à ne pas devoir le solliciter pendant qu’il sera en congé.

Si le droit du travail peine encore à étendre un peu plus le congé paternité, les entreprises, elles, peuvent accompagner les jeunes pères en instaurant des politiques parentales plus favorables. Elles peuvent également les rassurer sur leur retour dans l’entreprise en proposant des solutions de garde par exemple.

Choisir Ma Crèche accompagne les entreprises dans la mise en place de dispositif de crèche inter-entreprise.