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Détecter l’autisme chez l’enfant
Aujourd’hui nous avons l’honneur de recueillir le témoignage de Margaux Jaffiol, psychologue neuropsychologue à Dijon puis Lyon depuis 4 ans. L’occasion de mieux connaître les ficelles de ce métier encore méconnu à ces jours et de comprendre les troubles que peuvent développer les enfants. Margaux nous invite à déceler en particulier le TSA, Trouble du Spectre Autistique, plus communément appelé autisme, chez l’enfant.
Pourquoi consulter une neuropsychologue ?
La neuropsychologue cherche à comprendre le développement cognitif de l’enfant, c’est-à-dire comment son cerveau fonctionne, à l’aide de tests standardisés. Elle va ainsi faire le lien entre le comportement de l’enfant au quotidien et son fonctionnement cognitif pour ensuite mettre en place des aménagements adaptés à ses difficultés « Les neuropsychologues sont en quelques sortes les orthophonistes pour le langage sauf que nous on évaluera le raisonnement intellectuel, la concentration, la mémoire, les émotions, la cognition sociale… » C’est donc une évaluation plus large du fonctionnement cognitif.
Zoom sur le trouble autistique chez l’enfant
En tant que neuropsychologue, Margaux se spécialise actuellement dans les troubles du spectre autistique chez les jeunes enfants. Elle nous explique que l’on peut déceler des signes évocateurs précocement chez l’enfant de moins de 3 ans. Il est donc important que chaque adulte observe le comportement de l’enfant dès son plus jeune âge, que cela soit à la maison ou à la crèche. Le TSA apparaît comme un trouble du neurodéveloppement « cela se caractérise par un défaut dans le développement de fonctions cognitives et cela, dès le plus jeune âge » et il se caractérise par deux grands types d’altération, qui varient bien entendu d’un individu à l’autre :
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Un déficit de la communication et des interactions sociales
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L’enfant peut avoir des difficultés à communiquer au niveau verbal (retard de parole) mais aussi non-verbal. En effet, chez les enfants « typiques », même si le jeune enfant ne parle pas encore, il communique par le regard, les gestes, le pointage, le sourire, le partage de plaisir. Il est alors difficile d’initier et de répondre aux échanges, il y aura peu de réciprocité dans la relation « absence de réaction aux chatouilles par exemple ». L’intérêt pour les autres et la compréhension des codes sociaux sont peu présents, rendant difficile l’interaction avec ses pairs. De fait, l’enfant éprouvera des difficultés à exprimer une demande.
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Des comportements restreints et répétitifs
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L’enfant présentant un TSA peut avoir besoin d’une routine, de rituels « par exemple, si la voiture n’est pas garée à sa place habituelle, l’enfant peut piquer une grande colère ». Il peut présenter des sortes de tocs et aimera par exemple aligner ses objets ou répéter plusieurs fois le même geste ou les mêmes mots. Ainsi, il joue peu aux jeux de faire-semblant, comme la dinette, de sa propre initiative. L’enfant TSA, lui, sera plutôt attiré par les jeux répétitifs et/ou les stimulations sensorielles « comme ouvrir et fermer les portes, éteindre et allumer la lumière, passer son doigt dans les rainures du radiateur à plusieurs reprises ». L’enfant TSA montre généralement des particularités sensorielles et apparait alors soit hyper sensible, très dérangé par la lumière et le moindre bruit ; soit hypo sensible. Les crises de colère et les troubles du comportement sont fréquents chez l’enfant TSA, sans pour autant constituer un critère diagnostic en soi.
Pour informations, vous pouvez retrouver les âges d’apparition moyens des acquisitions au travers d’une grille en suivant ce lien. Par exemple, un bébé devrait réagir à l’appel de son prénom entre 2 et 4 mois. Il peut être intéressant de comparer l’avancée de son enfant face à cette grille, sans pour autant s’alarmer. « Chaque enfant évolue selon son rythme et un retard est considéré comme un trouble dès qu’il excède 2 ans ».
Comment détecter des troubles autistiques chez son enfant ?
Il semble primordial d’être attentif aux comportements de son enfant décrits ci-dessus dans chacun de ses environnements. Questionnez-vous sur sa manière de s’adresser à vous, vous fait-il des demandes ? Tel qu’aller aux toilettes ? « Cet aspect peut être trompeur car on pense que l’enfant va bien puisqu’il ne demande rien » C’est ainsi que certains enfants autistes passent à la trappe en suivant le rythme scolairement mais en ne demandant jamais rien et en étant par conséquent oubliés dans la masse. Observez sa manière de communiquer avec vous, avec les pairs, sa façon de s’exprimer, de regarder, est-ce qu’il porte de l’intérêt aux autres ? Cherche-t-il à vous faire partager ses intérêts, ses jeux ? « Pour les enfants autistes, tous les bruits sont les mêmes, ils ne distinguent donc pas la voix humaine des autres bruits ». Il peut être intéressant que le personnel de crèche teste les enfants face à l’appel de leur prénom, « si l’enfant ne se retourne pas, il est impératif de réaliser un test ORL de prime abord ». Seulement si cette consultation ne confirme aucun problème ORL chez l’enfant, alors il s’agit d’en avertir le pédiatre en première intention. Si les doutes sont confirmés, des bilans plus poussés peuvent être réalisés.
Pour plus d’informations, consultez le guide explicatif du Trouble du Spectre de l’Autisme.